Bientôt, la technologie discipline dans les baccalaurats généraux (S, ES et L) au lycée ?

(actualisé le ) par Secretaire

L’académie des technologies a publié un avis et des recommandations le 1 février 2013 sur « L’introduction de la technologie au lycée dans les filières d’enseignement général »

Sauf erreur et omission, ce texte est passé inaperçu des spécialistes de l’éducation technologique et des médias.

Or ce texte est important et il pose la question suivante : quelle technologie à créer, pourquoi et comment, dans les programmes des baccalauréats généraux (S), (L), (ES) en seconde, première et terminale, ceci dans le prolongement de l’enseignement obligatoire de la technologie à l’école primaire et au collège ?

Il se trouve que cette question a fait l’objet de ma thèse de doctorat de 2001 soutenue à l’ENS de Cachan, la seule étude universitaire à la date d’aujourd’hui, à ma connaissance, qui a étudié le pourquoi et le comment de la création d’une telle « Education technologique » au lycée.

L’association PAGESTEC m’ayant demandé de présenter ce texte, vous trouverez ci-après les points clés et mon point de vue personnel sur cette publication. J’y relève aussi les questions qui se posent pour la défense et la promotion des professeurs de technologie collège, ce que les adhérents à PAGESTEC ont introduit comme modification dans les statuts de l’association depuis 2011.

Il sera intéressant de suivre la discussion sur les deux listes privées des abonnés et adhérents PAGESTEC quant à l’analyse et aux propositions de l’Académie des technologies.

Ignace Rak

« Avis sur l’introduction de la technologie au Lycée dans les filières de l’enseignement général » (Académie des technologies le 1er février 2013)

Le texte de l’Académie des technologies se décompose en trois grandes parties :

- un préalable pour la définition de « technologie » retenue par l’académie des technologies ;

- l’avis lui-même, qui se décompose en trois points,

- trois recommandations.

Le préalable

L’Académie des technologies retient pour le terme de « technologie » (« science des techniques : étude des procédés, des méthodes, des instruments ou des outils propres à un ou plusieurs domaines techniques, arts ou métiers »), et retient la notion de « science des techniques ».

Elle définit la technologie en s’appuyant sur quatre théories diversifiées, elles aussi définies dans le détail (voir le texte de l’Académie) : « la technologie structurale, la technologie génétique, la technologie générique et la technologie générale ». 

Analyse, remarques et questionnement

Ces quatre approches des objets et produits, se réfèrent respectivement aux écrits de Frantz Reuleaux (1829-1905), Lucien Géminard (milieu du XXe siècle), Gilbert Simondon (1958), A. Hatchuel, B. Weil (2009), André Leroi-Gouran (1945) et (1964-1965).

La « technologie » d’aujourd’hui et de demain présentée selon ces quatre approches, est relativement nouvelle pour moi. Les définitions données pour chacune de ces quatre approches sont à lire avec attention.

1 - « L’AVIS »

Dans l’introduction de cet avis en trois points, il est mentionné que cet avis prend notamment en compte les grands problèmes relatifs à « …un développement durable de la vie humaine… ». Et que cela fera appel « …à des solutions à très forte densité technique… si notre pays veut être présent sur ces chantiers… ». Pour cela l’Académie des technologies souligne qu’il est indispensable de développer deux aspects de cet enseignement : « … une culture technologique de ses citoyens, et une éducation technique de qualité… ». 

Analyse, remarques et questionnement

Ne retrouve t-on pas là les deux catégories d’enseignement déjà existantes en France, l’éducation technologique à l’école primaire et au collège, puis l’enseignement technologique et professionnel après la classe de 3e ?

La nouveauté est la demande de l’extension de l’éducation technologique aux filières générales du lycée.

1-1 « L’enseignement général et technologique, une réforme à approfondir et à poursuivre »

L’Académie des technologies cite comme base de son raisonnement ce qui a été mis en place en 2010 dans les classes de seconde au lycée au travers de l’option : « …« création et innovation technologiques » qui se présente « …comme une suite à l’EIST (Enseignement Intégré de Sciences et de Technologie)… ».

Mais elle est très prudente dans son désir de généralisation d’une éducation technologique « générale » en soulignant que pour les baccalauréats généraux « …La réforme n’a cependant pas encore abouti à un enseignement pensé pour toutes les filières. De même que l’EIST ne concerne qu’une centaine des 8000 collèges, l’enseignement exploratoire des technologies n’est diffusé que dans 20% des lycées… ».

Et aussi de citer comme exemple de besoin dans les entreprises pour celles et ceux des élèves qui ne suivent pas une formation spécialisée dans des formations technologiques ou professionnelles : « … beaucoup de responsables de fonctions essentielles à l’entreprise (direction, finance, marketing, communication, vente, …) n’ont jamais reçu un véritable enseignement de technologie ; pourtant la compétitivité d’une économie nationale et de son industrie est plus que jamais marquée par son dynamisme technologique… ».

Analyse, remarques et questionnement

On peut se poser plusieurs questions sur les points d’appui que prend l’Académie des technologies, ceci sans les remettre en cause en tout ou partie, c’est-à-dire un raisonnement et des contenus calqués sur les enseignements, d’une part, sur l’option : « …« création et innovation technologiques » et d’autre part, en considérant que cette option se présente « …comme une suite à l’EIST (Enseignement Intégré de Sciences et de Technologie)… ».

Ceci ne validerait-il pas aussi la position et la demande de l’autre Académie, celle des sciences, pour un enseignement EIST au collège étendu aux autres niveaux que la seule classe de 6e, et d’autre part, l’appui sur les orientations des cinq nouveaux baccalauréats technologiques de 2010 de la filière STI pour construire cette nouvelle discipline en S, L et ES ?

Ceci semble être confirmé dans le point suivant à propos de l’option « ...« création et innovation technologiques ». Il constitue une base de départ intéressante pour expérimenter un enseignement technologique général qui s’étendrait jusqu’à la classe terminale, selon des modalités adaptées à chaque section du baccalauréat général ».

1-2 « Approfondir la réforme en enrichissant l’approche traditionnelle de la technologie »

Cependant l’Académie des technologies dit vouloir dépasser « l’approche traditionnelle de la technologie » de l’option de seconde « création et innovation technologiques », ainsi que ceux des cinq baccalauréats STI en disant que deux conditions s’imposent pour cela : 

« - …i) enrichir cet enseignement en s’appuyant sur les approches contemporaines de la technologie et sur des exemples bien choisis de développements techniques innovants que l’on disséquera selon les quatre approches technologiques que nous proposons ;

- ii) éviter de réserver l’enseignement de la technologie aux élèves les moins à l’aise dans un cursus général ; l’étendre progressivement à toutes les filières… ».

Et l’Académie des technologies de mettre en partie en question ce qui est retenu comme seule approche, celle des scientifiques (l’approche structurale) en disant « …Il ne s’agit pas de mettre en doute « l’intelligence de la main » qui s’acquiert par la pratique intense et précoce d’un art ou d’un métier ; ni de contester aux scientifiques leur capacité, via la modélisation et l’optimisation, à codifier une approche couramment appelée technologie structurale. Mais il faut rejeter le caractère exclusif qu’a connu cette approche de la technologie en France, alors que les autres pays européens étaient bien plus ouverts à d’autres approches. Ce caractère entretient en effet l’illusion que toute technique particulière émanerait naturellement de plusieurs sciences, fondamentales ou appliquées. Il faut donc introduire des approches différentes, complémentaires de l’approche structurale ; elles restituent la place fondamentale et universelle des techniques dans l’agir et la réflexion humaines. Cette ambition justifie l’importance et l’urgence d’une réforme touchant l’ensemble des lycéens… Elles peuvent aider à se projeter dans le futur en s’appuyant, par exemple, sur la transformation de la société par le numérique….sans oublier le principal moteur de l’innovation technique : le bouleversement des coûts et des prix ; c’est lui qui stimule en effet la plus grande partie des innovations qui sont, bien plus souvent, des innovations d’améliorations de produits ou services existants et non des innovations de ruptures techniques… Elles peuvent, enfin, éclairer les interactions positives ou dangereuses entre technique et société, et permettre un progrès choisi et partagé loin des clichés de crainte ou de fascination. C’est cette voie pédagogique enrichie qui est ici encouragée… ».

Analyse, remarques et questionnement

L’approche structurale, que je traduis personnellement comme étant la démarche d’investigation sur le modèle unique des seuls physiciens (et aucunement l’une des quatre démarches d’investigation des techniciens qui sont mises en œuvre tout au long du cycle de vie d’un produit (cf. mes écrits sur ce sujet)) actuellement en application à l’école et au collège, ne serait plus la seule approche dans cette nouvelle discipline d’éducation technologique au lycée. Elle devrait donc être complétée au lycée par les trois autres approches décrites par l’Académie des technologies (génétique, générique, et générale) pour devenir ce qu’elle appelle la nouvelle voie pédagogique enrichie. Cela établit donc une certaine rupture avec le programme du collège.

L’académie des technologies ne semble t-elle pas ignorer qu’il existe, encore, en classe de 3e , la démarche de projet technique ? A moins qu’elle considère que celle-ci n’est pas suffisante pour être catégorisée comme approche générique ?

C’est dans cette partie que l’on trouve à peine une ligne sur le numérique. L’Académies des technologies ne considère t-elle pas le numérique que dans la seule approche « outils à savoir utiliser », en négligeant une formation à l’informatique dans l’approche « objets d’enseignement », comme c’est le cas maintenant en baccalauréat S et à l’instar de l’avis d’avril 2013 de l’Académie des sciences sur ce sujet ?

1-3 « Des approches technologiques qui modifient durablement les comportements collectifs »

Dans cette partie l’Académie des technologies évoque les ambitions d’une telle discipline au lycée. D’abord elle inscrit son projet en première et terminale dans le prolongement de l’enseignement d’exploration STI de seconde « création et innovation technologique » qui lui « …offre une amorce significative… ». D’autre part, « …la recherche internationale a développé depuis un demi-siècle plusieurs approches alternatives de la technologie qui éclairent, avec rigueur et dans de fécondes complémentarités de points de vue, les logiques multiples et les raisonnements propres aux objets techniques, soulignant ce qui les distingue de la production des connaissances dans les sciences. La diffusion de ces approches donne à la formation technologique une visée culturelle d’une ampleur inédite sans équivalent dans notre pays… ». Et de mettre en garde « …Cette approche, qui ne doit surtout pas se structurer en une discipline scolaire théorique de plus, peut au contraire se disséminer dans la plupart des disciplines existantes… ».

Analyse, remarques et questionnement

Il semble bien, encore là, que l’Académie des technologies exprime le souhait de construire une éducation technologique innovante qui dépasse la seule approche par les autres sciences, c’est-à-dire explorer totalement « la science des techniques » qu’elle décrit avec ses quatre approches.

Et lorsqu’elle signale qu’il faut éviter de créer une discipline scolaire théorique de plus en décrivant sommairement les orientations (…véritable école d’intégration des différentes formes de la raison,…introduction concrète, via la vie des techniques, aux grands questionnements économiques, sociaux…), elle ne va pas jusqu’à citer quelques exemples de réalisations dites concrètes. C’est donc un cadre général pour répondre au « pourquoi » et « comment », sans aller jusqu’au « quoi » des contenus.

1-4 « Pour une culture technologique dans toutes les disciplines de toutes les sections existantes du Lycée »

L’Académie des technologies confirme qu’elle souhaite s’appuyer sur ce qui ce fait déjà au collège pour aller plus loin que les deux seules approches déjà expérimentées : au collège « …l’esprit d’une approche génétique est déjà présent au collège… », et au lycée « …l’approche générique est constitutive de l’enseignement d’exploration « création et innovation technologique » en seconde générale et technologique… ».

Et de décrire la didactique spécifique qui serait mise en œuvre avec un certain dépassement « …introduire la transversalité par rapport aux disciplines… » et avec comme point d’appui les objets techniques : « …seule la réunion de ces approches permet une didactique originale et un enseignement fondamental de type général. Elle organise la complémentarité nécessaire à l’étude d’objets ou de systèmes techniques exemplaires – la maison passive, les bétons à hautes performances, le WEB, le véhicule électrique, … – et offre un contenu pédagogique adapté aux élèves de l’enseignement général au Lycée… ».

Analyse, remarques et questionnement

Si l’on comprend bien, l’Académie des technologies indique que selon elle les actuels programmes du collège abordent déjà deux des approches qu’elle préconise : la technologie structurale et la technologie génétique. Est-ce exact ?

Au lycée, une troisième approche, la technologie générique, existerait au sein de l’option de seconde « création et innovation technologique ».

En première et terminale, non seulement ces trois approches de la technologie seraient maintenues, mais surtout la quatrième approche, « la technologie générale » ?

D’autre part je suis assez surpris de voir que c’est le terme « d’objets ou de systèmes techniques » qui est retenu, alors que dans les pratiques sociales des entreprises et du grand public, c’est le terme de « produit » qui est quasiment uniquement utilisé dans le langage des entreprises et du grand public. Cela n’est-il pas en contradiction avec la volonté ci-dessus de l’Académie des technologies d’éviter de créer une discipline scolaire théorique ? 

2- « RECOMMANDATIONS »

Pour développer une culture technologique dans toutes les disciplines de toutes les sections existantes du lycée, l’Avis de l’Académie propose trois recommandations :

2-1 – « Créer une dynamique pérenne à haute visibilité autour d’une culture technologique au Lycée »

Deux structures

. « Ouvrir une concertation en organisant, en partenariat entre le Ministère de l’Education Nationale et l’Académie des technologies, un colloque fondateur,… ».

· « …Réunir, chaque année, au sein d’un séminaire de suivi, les acteurs concernés… ».

2-2 – « Adopter dès maintenant un plan de mise en œuvre progressive de diffusion de la culture technologique à la hauteur des enjeux »

Deux actions pour « …offrir à chaque lycéen des séries S, L et SES, attiré par l’innovation technologique, tout ce qui peut l’aider à construire les bases de sa vocation …

. contribuer à l’évaluation de l’enseignement d’exploration « création et innovation technologique »…

. organiser, avec les communautés disciplinaires concernées, trois ateliers nationaux pour approfondir les rapports entre sciences et technologie, lettres et technologie, sciences économiques et sociales et technologie, dans la perspective de concevoir des expérimentations dans chacune des filières conduisant au baccalauréat S, L et SES. Si certaines parviennent à maturité elles permettront de créer des options semblables à celles qui existent actuellement… »

2-3 – « Mettre en place un processus adapté d’accompagnement et de recrutement des enseignants »

Cinq actions :

« . harmoniser les divers enseignements technologiques : rendre cohérents entre eux les enseignements qui abordent la technologie à l’Ecole, au Collège et au Lycée ;

. promouvoir la réalisation de manuels, supports multimédia, expérimentations associées à la logistique nécessaire, pour chaque enseignement ;

. organiser des actions de formation continue pour le corps professoral, prévoyant des interventions d’ingénieurs… ;

. faire intervenir devant les élèves des ingénieurs d’entreprises… ;

. examiner l’intérêt d’un système de formation de formateurs aux technologies, avec une participation active de l’ENS Cachan, en liaison avec les écoles d’ingénieurs… ».

Analyse, remarques et questionnement

On trouve dans ces recommandations des éléments concrets constitutifs d’une véritable création, notamment la création d’une commission et de la formation de formateurs dans des structures performantes que sont l’ENS de Cachan et les écoles d’ingénieurs. On revient ainsi à confier à un groupe indépendant le soin de réfléchir sur ce sujet. 

Cependant l’Académie des technologies, dans le processus décrit pour aboutir à la mise en place définitive après différentes expérimentations, s’arrête à la création d’une option, ce qui réduit considérablement l’ambition de départ. 

3 - MA CONCLUSION PERSONNELLE

Je le dis franchement, ce texte de l’Académie des technologies est prometteur. Ceci pour trois raisons principales.

D’abord parce qu’une autre institution de haut niveau, enfin, autre que l’Académie des sciences, s’intéresse autrement de l’éducation technologique en France que celle d’appliquer le seul modèle scolaire des physiciens et des mathématiciens (les démarches d’investigation, de résolution de problèmes, et de « l’EIST », Enseignement Intégré des Sciences et de la Technologie). Elle remet en avant les savoirs, savoir-faire et savoir être propres au monde industriel et économique, et l’appui sur les problématiques techniques à venir quant au développement durable de la vie humaine.

Ensuite parce qu’en rédigeant cet avis et ces recommandations, elle coupe court aux exemples dénaturés des réalisations concrètes (pourtant porteuses de sens des programmes de collège de 1985 et de 1996), aux menaces ministérielles, et autres, des années 2000 à 2008 selon laquelle la technologie au collège serait menacée de disparition et qu’il faudrait que les professeurs, leurs associations, les syndicats, etc., fassent un « profil bas » afin d’accepter le nouveau programme 2005-2008 rédigé par des scientifiques. Elle redonne un espoir aux professeurs de technologie menacés du fait de la disparition de leur CAPET spécifique, ainsi que la possibilité d’enseigner au lycée dans une discipline nouvelle qui serait la continuité de celle du collège et pas seulement dans l’une des disciplines techniques des nouveaux baccalauréats STI.

Enfin, elle prend à « bras le corps » cette question d’une éducation technologique pour toutes les lycéennes et tous les lycéens dans les baccalauréats généraux dans une société où la compétitivité et l’industrialisation n’auraient jamais dû être marginalisées, en proposant la création d’une commission de type COPRET des années 1980. Ceci permet de remettre l’accent sur l’éducation technologique pour toutes et tous dans les certifications générales en la distinguant des enseignements technologiques, faisant ainsi « coup double », donner une autre image de la culture technologique générale que les seuls exemples techniques d’un autre âge, et une image plus positive des formations technologiques spécialisées du lycée professionnel et des filières technologiques du lycée général, ainsi qu’à celles de l’université.

Il reste cependant quelques questions qui sont loin de n’être que des questions de « détail ». Faute d’une « matrice d’étude » plus précise, encore que des éléments figurent déjà dans le document, des questions se posent sur :

- sur les supports aux connaissances qui seront apportées :

. « …autour d’un même objet technique ancien ou novateur… » : n’est-ce pas reprendre la seule l’observation scolaire « clinique » assez passive et négliger les réalisations matérielles actives et concrètes qui donnent du sens, c’est apprendre dans une véritable activité concrète, même s’il est question de « …stimuler et guider la création de nouveaux systèmes techniques… » ; pourquoi ne pas s’appuyer sur des réalisations sur projet technique en liaison ou non sur des études de cas d’entreprises locales ou autres ; pourquoi ne pas envisager des stages en entreprises autour de mini-projets ?

. « … Elles (ces quatre approches) peuvent aider à se projeter dans le futur en s’appuyant, par exemple, sur la transformation de la société par le numérique… » : n’est-ce pas minimiser les nécessaires connaissances informatiques pour tous, et ne pas prendre en compte, ou se rapprocher, de l’avis de l’Académie des sciences de mai 2013 pour le collège et le lycée, donc en rester aux apprentissages de la seule utilisation des outils numériques ?

- sur la validation et la place de la technologie par rapport aux autres disciplines :

. pourquoi ne pas demander, a priori, le type de validation souhaité, la plus conforme à l’esprit d’une éducation technologique étant celle d’une validation « en cours de formation et sur projet » : une discipline qui n’a pas de validation en fin d’étude, est une discipline qui n’est pas reconnue à part entière ?

. pourquoi demander que soit enseignée cette discipline en S, ES et L dans une option, alors que dans les arguments de cet avis et des recommandations, il s’agit de construire une culture technologique générale pour toutes et tous : l’option est historiquement une orientation qui est vouée à sa suppression à court ou moyen terme au gré des décisions politiques pour faire la place horaire à d’autres contenus rattachés à des disciplines déjà en place et non contestées, contrairement à tout ce qui est technologique ?

- sur les personnels :

. rien n’est amorcé sur le corps d’inspection en poste, ou à créer, pouvant être responsable du suivi sur le terrain des contenus et des orientations de cette nouvelle discipline : la non existence d’un corps d’inspection générale et d’inspection pédagogique régionale (contrairement à l’installation d’une option informatique au lycée en baccalauréat S ayant un Inspecteur général spécifique à l’intérieur du groupe mathématiques), ne conduit-elle pas à l’échec technique et pédagogique toute tentative d’installation de cette nouvelle discipline ? 

Je souhaite que la recherche universitaire en éducation technologique, tout comme celle de tous les formateurs dans les nouvelles ESPE, nous livrent leur propre analyse, participant ainsi à cette réflexion avec l’Académie des technologies.

4 – POUR ALLER PLUS LOIN

1 – 1er février 2013, le texte complet de L’avis sur l’introduction de la technologie au Lycée dans les filières de l’enseignement général et des recommandations de l’Académie des technologies du 1er février 2013.

2 - La seule thèse de doctorat soutenue en France à l’ENS de Cachan en 2001 sur ce sujet de la création d’une nouvelle discipline obligatoire au Lycée « Les activités de préparation et de réalisation dans une éducation technologique. Conceptions et modélisation de la démarche de projet industriel par les élèves de 1ère de Lycée. Proposition pour une matrice curriculaire au Lycée ». (voir rubrique CV et bibliographie en page d’accueil).

3 – Avril 2004 « Pour la création d’un nouvel enseignement obligatoire d’éducation technologique au Lycée », article en deux parties de la thèse de doctorat citée ci-dessus première partie et deuxième partie .

4 – Mai 2013 - L’enseignement de l’informatique en France. Il est urgent de ne plus attendre.

5 – 2012 « La troisième révolution industrielle selon J.Rifkin. Et dans l’éducation technologique demain ? ».

Ignace RAK

IA IPR honoraire en Sciences et Techniques Industrielles de l’Académie de Paris. Docteur en sciences et techniques de l’ENS de Cachan.

Rédigé le 30 septembre 2013 pour l’association Internet PAGESTEC des professeurs de technologie de collège.