L’explosion des barres de mutation inter-académiques en Technologie

2 | par Pagestec

Cet article reprend en grande partie des éléments d’analyse du Snes. Nous invitons également les autres syndicats à nous proposer des textes, voire des actions, tendant à défendre et promouvoir notre discipline.
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Comme nous pouvions le redouter, la réforme du collège a eu un impact direct sur les barres de mutation inter-académiques de cette année, avec une augmentation significative des seuils dans de nombreuses disciplines. Force est de constater qu’il est très difficile d’y voir « la création de 4000 postes » annoncée pourtant par notre Ministère en lien avec cette réforme.


Source : Snes

Pour notre discipline la Technologie, la situation est désormais catastrophique. Il devient tout simplement quasi impossible d’avoir sa mutation dans plusieurs académies et de trop nombreuses années de séparation avec son conjoint ou sa famille sont maintenant nécessaires pour la majorité d’entre elles. Concernant les personnels célibataires, la situation semble désormais sans issue.

 

Source : Snes

Les raisons de cette situation désastreuse sont multiples :

  • - la diminution drastique des postes de TZR depuis une dizaine d’années, à corréler avec la multiplication des contrats précaires de contractuels ou de vacataires, personnels malheureusement non formés ni préparés à enseigner, aux dépens des élèves et du leur ;
     
  • - Le manque de considération de l’enseignement de la Technologie par notre Ministère se traduisant par une restriction continuelle des heures allouées à notre matière à travers la disparition des temps en effectifs allégés. Ces heures sont pourtant nécessaires à notre discipline pour toutes les phases d’expérimentation, de prototypage et de réalisation en permettant d’assurer des conditions satisfaisantes d’apprentissage et en toute sécurité pour nos élèves.
     
  • - la réforme des STI en 2011 s’accompagnant de la suppression du CAPET L1400 en 2012. Il n’existe donc plus de concours de recrutement spécifique pour devenir professeur de Technologie collège. Ce sont désormais les 4 CAPET S2I L1411 - L1412 - L1413 - L1414 qui le permettent.
     
  • - Enfin, la réforme actuelle du collège. Malgré l’affirmation de Mme Najat Vallaud- Belkacem assurant qu’aucune discipline ne perdait d’heure à travers sa réforme, notre matière se voit bien amputée d’une heure (une ½ heure en 6° et ½ heure en 3°). Il faut rajouter à cela la suppression des 3 heures de DP3 dans lesquelles beaucoup d’entre nous s’étaient investis, la volonté ministérielle de voir se multiplier des EIST au rabais en 6° (permettant là aussi plus facilement la suppression de postes) et la perte de l’heure de laboratoire par la modification de notre statut enseignant en 2014.

Pour avoir questionné à ce sujet Alain Brayer, responsable du groupe Technologie au Snes, d’autres éléments sont selon lui également à prendre en considération :

« La formation exclusivement STI au niveau des Capet STI2D est très spécialisée et peu orientée enseignement de la technologie collège. Les nouveaux collègues titulaires de ces Capet seront à terme et au fur et à mesure des départs en retraite chargés de remplacer les professeurs de Technologie collège. Mais cela n’est pas facile pour eux compte tenu de leur formation d’origine.

Celle-ci est très éloignée des logiques de production que portait notre discipline jusqu’aux programmes de 2006-2008. L’année dernière dans l’épreuve d’admission, les 4h de travaux pratiques étaient uniquement liés aux enseignements de S2I.

De même, tous les collègues de lycées ne sont pas encore recasés, car il y a eu près de 50% des postes supprimés en lycée avec la réforme des STI. Les IPR, pour limiter les dégâts sociaux (burnout, tentatives de suicides, …), ont levé le pied et laissé s’installer des postes en surnombre en lycée (deux collègues pour un groupe de 16 élèves, ce qui a permis de faire du bon travail dans certains lycées). Ensuite, compte tenu des effectifs (25 à 30 en collège contre des groupes à 16 en lycée) et des conditions matérielles générales d’enseignement bien meilleures, les néo-titulaires ne cherchent pas volontiers à travailler en collège. De nombreux postes souvent morcelés restent vacants et à disposition des contractuels.

Les collègues des lycées titulaires d’un des anciens Capet qui n’ont pas accepté leur intégration dans un des nouveaux Capet ne peuvent se voir imposer un enseignement en collège et restent nommés en lycée. Les néo-titulaires et ceux qui ont accepté leur reconversion peuvent avoir une affectation en collège, d’où leurs difficultés à mettre en œuvre nos programmes. De nombreux problèmes sont remontés et la seule solution imposée par les IG de STI est la nouvelle écriture des programmes de 2016 que le Snes met en cause. Ils n’ont plus grand chose à voir avec ceux sur lesquels les professeurs ont été consultés il y a un an.

Ils ne sont en fait qu’un outil de recadrage des contenus de la technologie du collège pour rendre cette discipline directement compatible avec les nouveaux titulaires de ces Capet ...

Dernier élément et non des moindres :

l’attitude irresponsable de certains IPR qui, dans l’espoir d’obliger nos collègues de ST2I à prendre en charge la technologie au collège, préfèrent laisser les postes vacants. Il y a le risque, et c’est déjà le cas dans les collèges ruraux, que les contractuels, trop peu nombreux, ne parviennent pas à les combler. Cette situation est catastrophique pour les collègues et à très court terme pour l’avenir de la discipline. »


Face à cette situation de blocage des mutations inter-académiques, la meilleure solution serait qu’enfin notre discipline soit à nouveau considérée au collège, en adéquation avec les défis sociétaux, industriels, environnementaux ou numériques auxquels les élèves doivent être sensibilisés, tout en les initiant au mieux aux attendus du monde professionnel tant au niveau artisanal qu’industriel.

Or cela ne pourra se faire sans l’attribution de moyens horaires nécessaires à une éducation technologique de qualité, notamment par la mise en œuvre de réalisations collectives ou individuelles sur des temps de cours en effectif allégé.

Ne pouvant attendre ce moment, Pagestec alertera dans les prochaines semaines le Ministère sur ce désarroi des professeurs de Technologie concernant le blocage des mutations et demandera à ce que des mesures exceptionnelles puissent être le plus rapidement trouvées et mises en œuvre pour résoudre cette situation spécifique à notre discipline.


Le bureau Pagestec