Nous vous présentons ci-dessous l’avis d’Etienne Bernot, Directeur de la société A4 Technologie, avis émis dans un souci d’apporter des éléments constructifs et de réflexion concernant les réformes successives de notre système éducatif.
Pour en être le témoin tous les jours dans notre travail et pour les avoir déjà entendus de nombreux professionnels, nous rejoignons pleinement M. Bernot sur ses constats et remarques.
Bien que nous soyons persuadés que notre Ministère en est déjà tout à fait conscient, il nous semblait important de relayer ces propos afin de les rendre encore plus audibles. Peut être alors de réelles solutions seront-elles développées dans un prochain avenir ... , bien plus pragmatiques et sensées que celles énoncées dans la réforme actuelle du collège.
Le bureau de Pagestec remercie grandement M. Bernot de nous avoir autorisé à rediffuser publiquement cet avis sur notre site, avis dans un premier temps exprimé sur la liste de diffusion de nos abonnés.
Le bureau de Pagestec
================================
Je trouve inquiétant ce que je lis et j’entends d’un nouveau brevet qui serait quasi acquis d’office.
En tant que patron de PME, je rencontre un grave problème actuellement : recruter de jeunes diplômés qui n’ont pas acquis au moins deux compétences fondamentales : savoir compter et savoir s’exprimer à l’écrit. Ça devient courant jusqu’au niveau BTS.
A force de laisser passer au niveau supérieur des jeunes qui n’ont pas le niveau, on les abandonne à leurs illusions et à celles de leurs parents. On les laisse accumuler les lacunes et poursuivre tranquillement et médiocrement jusqu’à un diplôme que tout un chacun saura de peu de valeur ou inconsistant.
Ce faisant on renforce gravement les inégalités sociales.
Ceux qui n’ont pas la chance d’un entourage vigilant et proactif ont infiniment moins de chances de voir leur potentiel cultivé et révélé.
On les abandonne confortablement au penchant naturel du moindre effort et on les incite à poursuivre le plus longtemps jusqu’à un diplôme acquis d’avance puis la désillusion d’un monde où ils ne pourront pas prétendre à une bonne place.
Véritablement, pour un poste de technicien, nombreux responsables autour de moi préfèrent un « bon » CAP des années 80 ou 90 à un BTS contemporain. « Au moins on a une certaine garantie sur les fondamentaux, une forme de bon sens dans le concret et un minimum d’humilité face à l’effort ».
Je n’ai qu’une petite expérience dans le recrutement au niveau bac + 5 mais il semble bien qu’on assiste au même phénomène. Hormis pour une élite issue de grandes écoles, on peut voir arriver des diplômés complètement inadaptables, sans aucun sens pratique et ne maîtrisant pas des compétences fondamentales comme l’expression écrite ou la notion des grandeurs.
A l’heure des vœux pour 2016, au-delà des choix de pédagogie de thèmes ou de supports ; au-delà des discours et des mots, je souhaite sincèrement que la mise en application de la réforme soit l’occasion de remises en cause et d’actions visant à mieux et plus simplement former nos jeunes aux fondamentaux.
Etienne Bernot
==================================
Autour des réformes du système éducatif - l’avis d’un chef d’entreprise
(actualisé le )
Partager cette page